C’est ce qui nous rend si exceptionnels, en fin de compte. C’est ce qui nous rend magiques et uniques. C’est ce qui nous rend beaux, ce qui fait que même ce qui est supposé être haï pour sa diligence éphémère paraît quand même merveilleux. Le fait de savoir que notre temps est compté. Puisque tout est éphémère, inconstant et précaire, puisque chaque instant pourrait être le dernier, puisque nous sommes condamnés, nous nous hâtons de jouir de nos bonheurs fugaces et nous sommes beaux. Nous sommes beaux dans la précipitation, dans nos actes incomplets, dans nos demi-sourires et dans nos baisers trop courts. Nous savons qu’à tout moment, tout peut prendre fin, et c’est sûrement ce qui nous pousse à profiter de l’instant présent, à ne « jamais repousser au lendemain ce qui peut être fait le jour même ».
Depuis peu, il m’arrive une chose étrange, que j’ai du mal à gérer. Parfois, lorsque je pose mon regard sur ta royale et divine tête d’ange prétendu, je n’y trouve plus grand-chose et je suis ébranlée et surprise de m’apercevoir que je n’y porte plus autant d’importance. J’ai pris l’habitude, à force, d’être toujours entièrement submergée par toi. Parce que, que mes pensées et mes émotions soient positives ou négatives, démentielles ou juste simplement réalistes, elles t’étaient toujours destinées et ne cessaient de m’envahir, avec le temps.
Mais maintenant, j’ai presque l’impression d’être à la recherche de ce sentiment, qui autre fois m’inondait entièrement. Oui c’est ça : je suis à sa recherche ; je suis à la recherche de la moindre chose qui puisse me ramener à toi, à vrai dire. Parce qu’au final, bien que ça me détruise à n’en plus finir, sans cette souffrance que tu m’infligeais inconsciemment, je me sens bien insignifiante. Sans cette souffrance, il n’y a plus rien. Parce que dans le fond, c’était tout ce qu’il me restait de toi. A présent, c’es définitif : je n’ai plus rien à quoi me raccrocher. Ce n’est plus toi que j’essaie d’empêcher de partir, mais même les traces –que je croyais indélébiles- que tu as laissé en moi ont finies par vouloir s’effacer à leur tour. Que me reste-t-il à part le néant embrumé dans lequel je suis enfermée ? Tu m’as tout pris.